2-3: Règles d'écritures des Haïku au Japon Il n’est pas question ici de chercher à rédiger une règle d’écriture des haïku qui serait reconnue par les auteurs japonais, mais plutôt de donner quelques lignes directrices simples, quelques exemples de ce qu’un bon haïku doit comporter.
Ill. 43 : Extrait d’un recueil moderne de haïku : Les mille meilleurs haïku Une deuxième règle importante est de toujours utiliser un mot ou une expression permettant de situer le poème dans une des quatre saisons : printemps, été, automne et hiver. Ces mots, au-delà de la mention elle-même de la saison, peuvent désigner des animaux associés à la saison, des végétaux, fleurs ou arbres, des activités humaines ou des phénomènes naturels ; ils sont appelés kigo . Il existe de nombreux dictionnaires poétiques présentant ces kigo , soit thématiques : animaux, végétaux, … soit par saison, et présentant, outre la liste, des exemples d’utilisation et d’interprétation. Quelques exemples sont donnés ci-dessous.
Une troisième règle peut être dégagée de la nécessité d’avoir une césure, à la fois pour la lecture du poème, mais aussi pour le structurer. Dans beaucoup de cas, une première partie situe la scène en un lieu, un moment (en particulier la saison), tandis que la deuxième suggère une émotion, une réflexion. Les deux doivent se répondre, s’enrichir l’une l’autre, sans néanmoins établir de lien fort de cause à effet. Les quelques haïku des maîtres présentés ci-avant, {2.2.1 } {2.2.2 } {2.2.3 } {2.2.4 }, montrent des exemples clairs de l’application de cette règle. Ils ont été d’ailleurs présentés sur quatre lignes, chaque ligne proposant trois haïku rattachés au printemps, à l’été, à l’automne et à l’hiver. Cette pratique de la césure est plus précisément liée à l’utilisation de mots particuliers (ou exclamations), que l’on nomme « kireji », et qui donne du rythme et du sens au poème. Quand le kireji est placé à la fin du haïku , il pousse à revenir au début, comme le début d’un cercle. Beaucoup de haïku classiques, en particulier de Bashô , contiennent à leur fin une exclamation marquée par un auxiliaire « -keri », ou une particule « kana ». Quand il est placé au sein du haïku, il sépare la description de l’émotion comme indiqué ci-dessus. Ces mots n’ayant pas de directs équivalents en français, il est nécessaire de recourir à des « artifices » pour en retranscrire l’usage, rajout de points d’exclamation, ou utilisation d’un tiret. Du point de vue formel, ces règles sont suffisantes, en tout cas pour le propos de cette étude. D’autres règles plus intuitives peuvent être rappelées, elles concernent les sujets traités, et la façon de le faire. D’abord le temps, le haïku est un cliché d’un moment particulier, il ne raconte pas une histoire passée, il n’évoque pas ce qu’il pourrait advenir, il constate c’est tout, et est donc composé au présent. De ses origines
« vulgaires », il garde le goût de la dérision, de l’humour,
voire de Cliché, description d’un lieu précis, le haïku ne s’attache pas aux grands concepts, aux grands panoramas, il traite de la nature, d’un petit bout de nature, de ce que l’on découvre au détour d’un sentier dans le jardin d’agrément. Et s’il pousse à la méditation sur le tout, c’est à partir du plus simple, du plus petit, comme dans ce poème de Kobayashi Issa : Dans
chaque perle de rosée Tremble Mon
pays natal On peut citer ici un commentaire de R.H. Blyth dans [5.2.2.3 ] : Exprimé
de façon positive, le haïku
doit
exprimer une sensation nouvelle ou que l’on découvre, la prise de
conscience soudaine du sens d’une expérience commune concernant la nature
ou l’homme. Encore plus important, et exprimé négativement, le haïku ne
doit absolument pas chercher à expliquer quelque chose, ou contenir une
liaison de cause à effet. |
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