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La chapelle de Pitié

Une étude archéologique

 

La chapelle Notre-Dame de Pitié : 

Des coquillages en Centre-Var 

de Gilles Godefroid 

(Laboratoire d'Ethnologie de la Faculté des Lettres et Science Humaines de Nice)

 

A. Localisation et vue d'ensemble

Notre-Dame de Pitié est une chapelle rurale. Elle est située en dehors des murs du village et à la limite de la commune. Elle se trouve sur la départementale 554 qui relie Brignoles à Barjols, à mi-chemin entre Brignoles et Le Val. A cet endroit, la route passe la colline séparant la vallée du Carami (Brignoles) de la vallée de la Ribeirote (Le Val), au col dit de "Notre-Dame". La chapelle est là, adossé à la route, légèrement en contrebas et faisant face au village du Val (Face au Nord). Le site vue de Notre-Dame de Pitié est un ensemble de trois éléments: un chemin de procession, des oratoires et la chapelle que nous décrirons indépendamment. Pour monter (à pied) à la chapelle en partant du Val il existe encore le parcourt du chemin de la procession (il est signalé). Ce chemin marque le passage de l'ancienne route de Brignoles. Il débute aujourd'hui au niveau de l'actuelle route peu après le passage de la Ribeirotte et monte en ligne droite. D'une longueur de trois à quatre cent mètres, le tracé n'est plus uniforme car soumis aux aléas des promeneurs. De plus, l'arrivée à la chapelle est dévié par un remblai qui augmente la surface du parvis. En fait, le chemin de procession, tel qu'il devait être utilisé, se retrouve à partir de la succession des oratoires qui le jalonnent.

Ces oratoires sont au nombre de quatre et sont distant les des autres de trente à quarante mètres. Tous les quatre sont de la même facture architecturale et ont pour dimensions: 250x140x120 cm environ. Trois de ces oratoires fig.1 ), situés dans la montée, ont été restaurés il y a deux ans. Le quatrième oratoire (Le premier en partant du bas) se situe au pied de la colline, au lieu dit "lei treje ou treis rais" (Une fontaine aux "treize rais" d'eau), où est installée une station de pompage. Il est perché sur un rocher, à deux mètres du sol et son état actuel est assez bon.

Figure 1

 

Suivant différents auteurs et documents, cet oratoire est inclus ou non dans le chemin de procession et en l'état des connaissances, le premier cas est plus probant. Son architecture est semblable aux autres et sa situation bien qu'excentrée maintenant devait marquer le début de l'ancienne route de Brignole. Mais la présence d'un ancien "chemin de dolmens" (autre route de Brignoles) peut justifier son existence.

Quand aux titulatures, elles sont aujourd'hui oubliées et la statuette de Saint Joseph placée dans le premier oratoire (aux "treise reis") est de période récente et sans filiation connue.

B. La chapelle : description d'ensemble

    1- Eléments extérieurs

Figure 2

La chapelle est un bâtiment composé de deux parties dont l'une est plus large. Les dimensions extérieures (se reporter au plan) sont de : 13,5O m de longueur pour 6,8O m de largeur à la façade et 4,1O m au dos. La hauteur varie entre 6,5O m à la façade et 4,1O m au dos. La hauteur varie entre 6,5O m à la façade et 4,1O m au dos (fig. 2)

.

Les parties extérieures des murs sont en grande partie enduites. Seules las parties basses sont à nu. Sur le côté droit de la chapelle, une ancienne ouverture est visible avec deux linteaux de bois et une maçonnerie différente qui la comble. Le toit à deux versants est en tuiles "canal" ou "à la cuisse" et a été rénové en 1981. Il est complété par une avancée en génoise tournante à trois niveaux. Le campanile (h. : 24O cm, l. 14O) est en pierre de tuf assez érodée et rien ne peut indiquer si une cloche y était présente.

 La façade rompt avec la sobriété du bâtiment et différents types de décors y sont visibles. 

Tout d'abord, il faut remarquer la présence de deux portes d'entrée ce qui est rare dans la région (voir les églises romanes d'Auvergne). Leur fonction relèverait d'un sens de visite que l'on trouve pour les édifices d'un pèlerinage important, ce qui est peu probable ici.

Ensuite sept niches ont été façonnées dans le mur et ornées différemment. Deux niches à fronton triangulaires se trouvent de chaque côté, au tiers de la hauteur et en prolongement de fausses pierres de jambage (pierres d'angle). Plus intéressantes sont les cinq niches en alcôve qui sont réparties en haut de la façade. Elles sont de style plus plus sobre et sont décorées de coquillages, décoration que nous détaillerons plus loin. Si ces niches ont contenu de quelconques statues ou autres objets, cela est oublié depuis longtemps.

Le dernier élément de la décoration en en façade est l'ensemble central composé d'un bas-relief au thème de la "pietà" et de son cadre. La Pietà est une oeuvre d'art, sa qualité est indéniable à en juger l'équilibre de l'ensemble et la sûreté du trait. Elle est datée de 1659 (date inscrite sur l'œuvre) et un blason est gravé. Il représente une famille noble aixoise dont une branche était installée à Brignoles : les Barthelémy de sainte-Croix. Au-dessous du bas-relief, une avancée sculptée sert de soutien. On y observe le thème religieux très usité de la vigne auquel un escargot est associé. Sur les côtés se trouvent deux tours de style "gothique flamboyant" et parmi les quelques gravures qui les ornent se distinguent un livre ouvert et un autre fermé (un par tour).

Enfin, cette composition est agrémentée par une décoration de coquillages et scories métalliques (bauxite), en forme de S et de S inversé.

Analyse d'une scorie prélevée sur la façade de la chapelle.

J'ai fait une détermination spectro-graphique sur les fragments de matière noire vitrifiée, prélevés sur la façade de la chapelle Notre-Dame de Pitié à Brignoles (Var). Il s'agit, à première vue, d'une scorie riche en fer mais cependant les fragments sont très légèrement attirés par l'aimant. 

Un morceau de scorie très alvéolé a été concassé dans un mortier et réduit, assez facilement, en poudre très fine ; j'ai pu séparer de la poudre des particules malléables et à l'aspect métallique  ; contrairement à la poudre, ces particules sont magnétiques. 

J'ai fait une analyse spectographique sur la poudre. Le spectre obtenu montre l'importance de la silice (SiO2) et de l'oxyde de fer (Fe2O3) en quantité sensiblement égales, en moindre importance, des oxydes de calcium et de magnésium (CaO et Mg0) et des traces d'alumine et oxyde de manganèse. Les teneurs des éléments métalliques : Cu, Sn, Pb, Ag, Zn, sont nulles. C'est une composition de scorie métallurgique.

L'analyse des particules métalliques donne le même spectrographique que la poudre mais avec une importance principale du spectre du fer. Un second fragment, plus dense, montre également, après séparation à l'aimant, des zones enrichies en fer. Les analyses montrent que les scories sont des résidus métallurgiques d'une réduction de minerai de fer. 

   
                                                                                                     J. R. BOURHIS

2. Éléments intérieurs.

La chapelle est un bâtiment composé de deux salles : la nef, la première est plus grande et le chœur. Les dimensions internes sont de (Lxlxh) 600x565x520 cm pour la nef, et de 540x425x400 cm pour le chœur. 

L'aspect général est sobre, la décoration des murs, sur fond d'enduit blanc, est faite de cadre en bas-relief : 2 de grandes dimensions pour la nef, et une composition de neuf cadres de deux styles différents pour chaque mur du chœur (à fronton triangulaire et arc en plein cintre) (fig.3). Ces cadres ont accueilli des peintures sur toiles (volées) dans la nef et des panneaux de bois avec des illustrations des quatorze stations du Chemin de Croix dans le chœur ; un tableau, aujourd'hui visible au musée d'art sacré du Val, était situé au-dessus des portes d'entrée. Comme pour beaucoup de chapelles, des ex-voto ont été déposés, simples plaques ou béquilles. Certains ont disparus comme des fusils explosés.

Figure 3: Élévation des murs latéraux (faces internes): 1: ancienne ouverture rebouchée, 2: caveau, 3: première marche et bancs

Le caveau (dimensions : 182x67x55 cm) : il se situe à gauche de la nef, à l'intérieur était disposé le corps de madame Marie Gavotte vve Verlaque (décédée entre 1673 et 1674). Sa particularité réside en une ouverture possible grâce à une porte horizontale. Ainsi, à travers un grillage, tout le monde pouvait regarder le squelette.

L'état général montre une bonne conservation, malgré l'effondrement d'une partie du coffrage compressant la partie gauche. Le crâne qui a disparu a était enlevé après décomposition. Le corps était couché sur le dos dans une attitude habituelle, les bras en croix sur le ventre.

Le matériel qui accompagne le squelette est de quatre types : en bois, en tissu, en cuir et métallique.

Les éléments en bois sont décoratifs : de petites lattes de longueur variable (pour 1,5 cm de large) à créneaux et de petites perles plates, ovales ou rondes (venant probablement d'un chapelet. 

Pour le tissu, deux genres sont présents, du lin ou coton à grosses trames (linceul ?), et du tissu fin, soie ou satin, que l'on trouve aussi sur les parties du cuir. D'autre part, peluches de laine jaunes indiquent la probable existence d'un autre vêtement. 

Etude d'une monnaie trouvée auprès de la sépulture

Notre Dame de Pitié LE VAL.

LIARD de FRANCE au buste âgé frappé en 1698à AIX différent & au revers différent  (losange vertical sous le cou) = Jean Joseph COLOSSALE Maître graveur de l'atelier d'Aix (frappé au flan réformé).

avers

L.XIIII.ROY.DEO-FR.ET.DE.NAV. (Millésime)

Buste à droite du roi, cuirassé, portant la perruque revers

.LIARD..DE..FRANCE., en trois lignes, au-dessus du différent d'atelier, qui est entouré de trois lis

                    DUPLESSY.1589

                    CIANI.2O15

                   DROULERS.413

                    GADOURY.81

Caractéristiques. Cuivre pur. Poids officiel de 4,079 g. diamètre 23mm. Tranche lisse. Graveur Joseph ROETTIERS.

DROULERS 413. Liard de France au buste âgé. Coins légaux 3 derniers tournois fabriqués suite à la déclaration du 9 juin registrée par la cour des monnaies le 18 juin 1693. Montant total de l'émission prévu : 1 million de livres, soit 8O millions de pièces. Les réformations se firent à partir des liards des traitants de 1654.1658 rachetés à 2 deniers seulement et les frappes sur flanc neufs à partir de ces mêmes liards refondus de d'autres oeuvres de récupération. La déclaration de juin 1694 et l'arrêt du 17 janvier 1696 confient la fabrication des flancs des liards à partir des cassons de Rochefort à Jean Castainget Landouillet. Le total réalisé en 17O1 dépassa nettement l'objectif avec 12O.844.88O pièces dont une fabrication de 12.278.476 à Paris qui commença dès le 24 juillet 1693.

R. Biancotti

Trois pièces de cuir bien conservées se trouvaient au niveau des pieds de la défunte. L'observation de leur forme ainsi que des trous de laçage permet de les classer comme des éléments de chaussures.

De ce matériel, les plus significatives sont les pièces de monnaies trouvées lors de la fouille. Une première dont l'emplacement est indéterminé est tellement érodée que son identification est impossible. Par contre une seconde pièce a été trouvée sous les planches du coffrage. Frappée en 1698 et placée avant ou lors de la disposition du corps, ce "Liard de France" constitue un repère chronologique intéressant.

L'Autel : avec la façade, c'est la pièce "maîtresse" de la chapelle, par sa fonction religieuse et par son décor original. 

 

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Le premier élément est la Table de l'Autel ; de forme classique en marbre gris et dédiée au Sacré Cœur.

En arrière plan se trouve un décor des plus originaux. Il s'agit de la représentation du Calvaire (Mont Golgotha) accompagnée par une statuette au thème de la "Pietà", la vierge au Christ mort. Ce calvaire de 170 cm de hauteur pour 200 cm de largeur et 100 cm de profondeur est enchâssé sous une voûte de 350 cm de hauteur. A sa base a été creusée une niche (110x90 cm) qui accueillait la statue de la Pietà aujourd'hui disparue.

Les faces internes de la voûte et de la niche, ainsi que la "couverture" du calvaire sont tapissées de corail blanc (aspect grisâtre), dont les blocs de grande taille (20 cm de haut et plusieurs kilos). Les décorations de coquillages sont visibles au bord de la niche mais la plus grande partie constitue les bords externes de la voûte, se prolongeant le long du pilier.

 

D'autres objets de décoration sont (ou étaient) disposés sur le Calvaire : les instrument de la Passion (les trois Croix, les clous ...), six panneaux de bois ou fer à l'effigie des personnages bibliques plus un représentant un coq, et des éléments osseux, trois crânes sans doute quatre à l'origine dont deux encore fixés et plusieurs os longs. Quelques objets décorés de coquillages sont encore présents et seront détaillés plus loin.

 

C- Les décorations en coquillage 

Le travail de décoration, en façade et surtout en ornements de l'Autel, est une oeuvre artistique de grande valeur, un ensemble symétrique construit par étape et d'après un projet. Sa réalisation a nécessité une adaptation aux ressources disponibles. 

Inventaire des espèces utilisés pour l'ornement de la chapelle

Gastéropodes

Patella carerulca L. 1758
Monodonta turbinata (Von Born, 1778)
Monodonta articulata Lmk., 182
Bolma rugosa (L., 1758)
Cerithium vulgatum Bruguière, 1792
Cerithium rupestre Risso, 1826
Aporrhais pespelecani  (L., 1758)
Vermetus triquetus Bivona Ant., 1832
Hexaplex trunculus (L., 1758)
Bolinus brandaris (L., 1758)
Buccinulum corneum (L., 1758)
Pollia dorbignyi (Payraudeau, 1826)
Nassarius reticulatus (L., 1758)
Collumbella rustica (L., 1758)
Mitrella scripta (L., 1758)
Mitra cornicula (L., 1758)
Conus meditterraneus hwass in Brug, 1792

Bivalves
Barbatia barbata (L., 1758)
Giycymeris sp.
Mytilus galloprovincialis Lmk, 1819
Ostrea edulis L., 1758
Acanthocardia tuberculata (L., 1758)
Cerastoderma glaucum (Poiret, 1789)
Veneroida (Tellina ? Tapes ?)
Venus verrucosa L.,1758

J. Cataliotti-Valdina

Ainsi la symétrie générale de forme et dans le détail, assez variée ; certaines espèces ou tailles manquantes, des rosaces symétriques sont, par exemple, à trois tours d'un côté et à quatre de l'autre faute de grandes coquilles. Cette remarque se retrouve souvent de la droite vers la gauche de l'Autel. Mais la maîtrise de l'ensemble exclue une improvisation au fur et à mesure.

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L'inventaire des décors tient compte de ce constat ainsi certaines associations ou "types" de coquillages se retrouvent souvent. Il correspondent à des catégories ou des variations de tailles.

Quatre types sont déterminés :

        - le type 1, cardiidés (1 bis avec praire-Venus verrucosa-)

        - le type 2, formes lisses et ovales, souvent exposées en face interne (tapes barbatia et venus)

        - le type 3 réunit les formes longues et de petites tailles (mitres, cônes, cérithes et autres.

        - le type 4 regroupe des coquillages variés que l'on retrouve pour la "feuille de laurier" (murex, hexaplex, "Pied-de-pélican), monodonta et autres).

D'autres coquillages se trouvant dans ses types sont aussi comptabilisés à part pour leur fréquence ou leur utilisation exclusive (cérithes, moules de Provence, coquilles Saint-Jacques) (fig.4).

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En façade, les espèces et leur agencement ( fig.5) sont peu variés. Que ce soit au niveau de la Pietà ou des cinq niches de la partie supérieure, deux cas sont présents : la bande ou liseré (notés L1, L2...) et la rosace. Les liserés sont fait avec des coquillages de type 1 (cardium, "1bis" avec venus verracosa), les rosaces sont constituées par le type 2 (lisses et ovales). Ces décors sont agrémentés de scories et de quelques grandes coquilles, cardium ou coquilles Saint-Jacques.

Figure 5: Ornementation d'une niche de façade. 
Toutes les niches ont la même dimension (137x90 cm) et sont distantes de 25 cm les unes des autres. Cette niche est la quatrième en partant de la gauche et une des mieux conservées. Les décors sont à peu près semblables pour toutes les niches.

 

L'ornementation de l'Autel est plus importante et variée (fig.6). Elle couvre l'extérieur de la voûte (pilier compris), le tour de la niche du Calvaire ainsi que la partie intérieure des piliers avec deux fresques de coquillages au thème du vase à fleurs.

Figure 6: L'autel et son décor
Liserés: bandes de coquillages ou scories notées L.
Voûtes et piliers: L1, type 1 (deux tailles) avec Cérithes que l'on retrouve pour L5/6; L2, Cérithes à raison de 1000 par coté environ: L3/4, type 1 de petite taille (3,5 cm).
Niche: Le L1 est identique à celui de la voûte, ainsi que L3 sauf qu'une rangée de coquillages présente leur face interne; L2 est une bande de composition, très endommagée.
Éléments de composition: Pour la voûte on reconnaît la corne d'abondance (E1/4), la feuille de laurier (E2/5), la rosace en E3 et la fleur en E6. Aux piliers, seules la grappe (E5), la rosace (E6 à gauche) et la fleur (E8) sont identifiables avec certitude.
E0 est la représentation de Dieu tout en coquillages et très figurative: 5 à 6 espèces y sont visibles pour former yeux, nez, oreilles, joues, bouche et barbe. Elle est couronnée de corail blanc.

Pour ces décors, la trentaine d'espèces répertoriées est utilisée. En plus des liserés et des rosaces déjà vus en façade d'autres "éléments de composition" (notés E1, E2 ...) forment l'ensemble. Reviennent plusieurs fois, "la corne d'abondance", la 'feuille de laurier" et la rosace (respectivement E1 et 4, E2 et 5 et E3 de la voûte). Ils sont visibles sur les piliers, la niche et les vases. D'autres éléments sont spécifiques à une composition, la grappe des piliers (E5) ou certaines fleurs des vases par exemple (fig.7). 

Une composition, unique en son genre domine le tout, c'est la représentation de Dieu en clef de voûte (E0), couronnée de corail, aux bonnes joues, barbes et oreilles d'où sortent des cornes d'abondance. Le tout est en coquillages.

 

Figure 7

Enfin à cette ornementation des objets décorés de coquillages sont (ou plutôt étaient) joints car malheureusement les plus beaux ont été dérobés. Il reste deux vases sobres en coquille d'huître et un morceau de chandeliers. On été volés, deux chandeliers à trois branche dont un cassé en petit calice et un grand vase avec un visage (source : document photographique de M. Paul Henri).

D- Passé, présent, avenir

Ce que nous savons de l'histoire de la chapelle se résume à très peu de choses. Le commanditaire supposé des décorations est, d'après le blason de la Pietà en façade, la famille Barthelémy de Sainte-Croix originaire d'Aix-en-Provence. L'absence de note relative à la chapelle aux archives "publiques" corrobore cette hypothèse.

En fait, l'histoire de la chapelle se résume à quelques dates et périodes. La période 1630-1668 correspond aux demandes d'agrandissement d'un premier édifice. 1659 est la date commémorative inscrite sur la Pietà, faisant référence à une bataille qui a eu lieu au Val où est mort François Barthelémy de Sainte-Croix. Enfin, 1698 est celle où fut frappé le Liard trouvait sous les planches du caveau de Marie Gavotte décédée en 1674. En résumé, la chapelle actuelle a été établie à partir d'une chapelle préexistante. Elle le fut entre 1668 et 1698 au maximum. Faute de certitudes, plusieurs "histoires" sont envisageables, comme celle de deux étapes de décoration : l'Autel vers 1660 après la mort de Fr. Barthelémy puis après 1668 à la suite de l'augmentation de la fréquentation, la façade étant reconstruite après agrandissement.

D'autre part si, ni le maître d'œuvre, ni la motivation d'un tel décor en Centre-var ne sont connus. Les styles artistiques mettent en valeur différentes périodes : romane par l'édifice, gothique par les tours de la façade et baroque par le thème de la décoration en coquillage et le style de la Pietà. La dominante reste donc le XVIIème siècle, période de diffusion (1610-1670 environ) des Autels des Âmes du Purgatoire en Provence (la mort représentée par des objets très réalistes) et du culte marial dans son aspect des Douleurs (Notre-dame des Sept Douleurs, Mater Dolorosa, Pietà). Ces deux thèmes sont joints au sein de Notre-dame de Pitié.

Actuellement, l'étude de la chapelle permet d'établir les modalités de sa restauration et ce, surtout à partir de l'inventaire des coquillages et des décorations. Une restauration, ce n'est pas refaire du neuf mais plutôt assurer un entretien, oublié depuis longtemps, qui se doit de respecter l'ouvrage et son aspect actuel. En résumé, il s'agit de "comprendre avant de restaurer" afin de ne pas perdre l'essentiel en voulant trop bien faire.

Enfin l'avenir, c'est la réhabilitation et la réouverture du site. Pour cela l'étude s'oriente vers une interrogation adressée aux personnes intéressées, valoises au premier chef ; comment envisager vous l'avenir de votre chapelle ?

Note

Soient remerciés les chercheurs qui ont contribués à cette étude, M. J. R. Bourhis, R. Biancotti et J. Cataliotti-Valdina et les personnes auprès de qui j'ai pu étoffer ma documentation, M. Alfred Gauthier, Paul Henri et H. Authosserre.

Ce travail entre dans le cadre d'un mémoire de maîtrise de la faculté des lettres et de Sciences Humaines de la Faculté de Nice sous la direction de M. J. Candau et Ph. Hameau.

 

Cette étude a été publiée dans le cahier n°9 de l'ASER.

 

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