L'abri orné de Le Val

Les peintures du Caramy

 

I. Abri poste du Lazaret.

II. Grotte Chuchy

III. Abri Hillaire .

IV. Grotte Neukirch.

V. Grotte Alain

VI. Trou Nicole

 

VII. Trou des deux amis

VIII. Grotte des cabro

IX. Grotte des charbonniers

X. Abri Bernard

XI. Conclusion

 

 

 

    A quatre kilomètres par la route, au sud du village de Tourves ( Var 9), s'élève la ferme de la propriété RIMBERT bâtie sur la rive gauche du Caramy  (voir la carte de Brignoles dans la partie I ). Ce torrent aux eaux vagabondantes toute l'année, était déjà canalisé au temps des romains, et fertilise une étroite et sauvage vallée, encaissée au milieu d'abruptes barres calcaires bathoniennes recouvertes de bois. C'est sur ces barres à deux cent cinquante mètres du pont romain et sur mille cinq cents mètres que l'on trouve neuf grottes ornées de peintures. On rencontre successivement, sur la rive gauche, l'abri du Lazaret, la grotte Chuchy, l'abri Hillaire, la grotte Neukirch, la grotte Alain, le trou Nicole, le trou des deux amis, la grotte des Cabro et sur la rive droite enfin, l'abri des Charbonnier.

Cliquez sur la carte ci-dessous pour voir une carte grand format:

I. Abri poste du Lazaret.

    C'est, à quinze mètres du sol, sur un promontoire calcaire à face très abrupte un petit abri sous roche qui contient au fond de la niche centrale les vestiges d'un dessin géométrique peint en rouge foncé, formé de barres qui se coupent en angle droit et qui rappellent un réticulé.

II. Grotte Chuchy.

    Une des grottes les plus riches, elle a droit à une description particulière.

 

III. Abri Hillaire .

    Il se trouve à deux cent mètres en amont de la grotte précédente et à quatre-vingts mètres au-dessus du talweg. Il est à peine profond de soixante centimètres et large de un mètre. A gauche on distingue un signe anthropomorphe (N°2) et à ses côtés quelques traits à la peinture; en face, à droite, avec la même ocre rouge très foncé, presque noire, un signe énigmatique qui semble être formé par la juxtaposition d'un bâtonnet pointé (homme) et d'une croix en biais (femme), schématisation de l'acte fécondateur (N°3). Ce sens n'est pas improbable puisque l'on trouve à côté une longue figure phallique pourvue d'une tête ornée de deux appendices latéraux, de deux bras et de deux jambes pendantes (N°4). Je pense néanmoins que l'on pourrait interpréter cette figure différemment en la considérant (à l'inverse de l'abbé GLORY) comme la représentation en projection d'un animal cornu, tels qu'on les voit à la Vallée des Merveilles et au Val Camonica.

 

IV. Grotte Neukirch.

    Elle se trouve à environ cent cinquante mètres de la précédente et à quarante mètres du fond du talweg. On y trouve, dessiné en ocre rouge brune, presque noire, un axe barré coiffé d'un demi-disque surmonté de cinq rayons et anthropomorphisé par deux yeux (N°5). On y trouve également une autre stylisation théomorphe divisée vers le bas en deux traits curvilignes; le point situé sous le bras droit pourrait figurer un sein (N°6). Une telle anthropomorphisation du soleil ou du dieu solaire est déjà caractéristique d'une pensée religieuse évoluée et donne un caractère sacré à ces grottes.

V. Grotte Alain

    En remontant trois cents mètres en amont le flanc de la colline, on rencontre à cinquante mètres d'altitude, un îlot rocheux qui renferme les trois grottes suivantes: la grotte Alain, le trou Nicole et la grotte des "deux amis".

La grotte Alain présente au-dessus de l'entrée basse, un cartouche ovale  de douze centimètres sur vingt et un centimètres, doublé à la partie supérieure d'une ligne parallèle peinte en ocre rouge foncé et à un mètre cinquante centimètres du sol. Un être humain, bras et jambes étendus, est couché à l'intérieur au milieu de onze points, tandis que douze points ont été disposés  à l'extérieur. A soixante centimètres à gauche, deux autres signes en fer à cheval, surmontent cinq autres points rouges dont le total forme vingt-huit avec les précédents (n°7 et 8). De plus des fouilles effectuées par MM. Neukirch et Sanz Martinez ont fourni une grande quantité d'ossements humains, brisés, associés à un mobilier funéraire assez pauvre.

 

L'ensemble donne l'impression d'un dépôt funéraire tribal où les os étaient gardés dans la grotte à titre de souvenirs, comme une seconde sépulture. L'individu n'est plus représenté ici que par une partie de son squelette qui avait subi un décharnement préalable et sans doute un bris rituel des os, comme l'indique de façon si caractéristique la peinture qui domine l'entrée de cet ossuaire. Les fouilles effectuées ont permis de dater ce site de la fin de l'Age du Cuivre au début de l'Age du Bronze.

VI. Trou Nicole

Juste à côté de la grotte Alain, on n'y trouve qu'un seul signe anthropomorphe, sexué masculinement et surmonté d'un trait courbe. On remarquera sa ressemblance avec un corniforme de la Vallée des Merveilles, le signe cornu serait alors ce que l'on interprète comme étant des jambes dans ce dessin (n°9).

VII. Trou des deux amis

    On y trouve seulement deux signes rouge bauxite très abîmés et en fer à cheval.

VIII. Grotte des cabro

    Elle contient deux signes de couleur rouge bauxite dont l'un (n°11) semble être le début d'un dessin anthropomorphe comparable au dessin de la déesse mère de la grotte Chuchy. L'autre figure pourrait aussi être interprétée comme étant un anthropomorphe (n°12).

IX. Grotte des charbonniers

    C'est la seule grotte qui se trouve sur la rive droite du Caramy, elle est juste en face de la grotte Neukirch.

 

X. Abri Bernard

    Enfin dans la vallée du bonheur au-dessous du camp fortifié, on trouve l'abri Bernard qui contient une peinture.

 

XI. Conclusion

L'impression d'ensemble qui se détache de cet ensemble de peintures contribue à la thèse de la représentation de rites religieux; les dessins ont toujours été tracés à des endroits privilégiés, ils sont généralement cachés et les grottes qui les contiennent n'étaient pas habitées. Elles appartenaient à une population agricole qui s'était établie dans la plaine de Tourves, fertile et bien arrosée, qui s'étend au débouché de la vallée. A cette colonisation de la plaine, recherchée pour ses cultures, ces tribus énéolithiques avaient joint la construction d'un camp fortifié du type "éperon barré" couvrant le mont Saint-Probace, mont sur les versants duquel les grottes à peintures se trouvent. On retrouve ainsi la matérialisation des trois fonctions primordiales, la plaine pour la fonction de survie physique, le camp fortifié pour la défense et la guerre, et les grottes pour la fonction de survie spirituelle.

Enfin cet appareil social, grottes à peintures rituelles, camp fortifié, cultures dans la plaine, n'était pas un îlot aberrant dans le monde énéolithique d'alors, mais il se rattachait directement au second foyer à peintures d'Ollioules, situé à trente kilomètres en ligne droite au sud, par une chaîne de stations, de camps fortifiés et de grottes funéraires.

 

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