L'abri orné de Le Val

La grotte Chuchy

 

1. Description

2. La chasse au renard

3. La déesse mère

4. Conclusion

 

1. Description

La grotte Chuchy fait partie du complexe de grottes de la vallée du Caramy, mais son importance symbolique et artistique mérite un chapitre séparé.

Elle s'ouvre à quatre-vingt-dix mètres au-dessus du talweg, au pied de la barre la plus haute que l'on atteint par une pente très raide et embroussaillée. Le porche voûté, haut de un mètre et soixante-quinze centimètres, large de deux mètres et quarante centimètres, orienté au Sud-est, ouvre sur une petite salle profonde de deux mètres et cinquante centimètres et d'une hauteur de l'ordre de deux mètres et vingt centimètres. Le fond est exhaussé de un mètre et soixante-dix centimètres par rapport au sol et se continue au nord par une étroite fissure large de vingt à quarante centimètres, haute de soixante, impénétrable après un parcours de un mètre cinquante centimètres. Les deux parois de ce diverticule sont couvertes de panneaux se faisant face comportant des figures tracées à l'ocre brune rougeâtre avec des doigts. L'endroit est notable du fait que les peintures sont cachées et que la position à prendre soit pour les réaliser soit pour les voir est très pénible.

Chaque panneau constitue une scène complète, symbolique, que l'on peut interpréter pour l'un comme une chasse au renard, et pour l'autre comme une représentation de la déesse mère.

 

2. La chasse au renard

Le panneau de droite, haut de trente centimètres et long de quatre-vingts centimètres, évoque une scène de chasse. Une femme sortant de son habitation (un réticulé) lève les bras au ciel pour rabattre un renard en fuite vers son compagnon armé d'une fronde et suivi de deux chiens. Le chasseur est en position d'attaque et a déjà abattu mortellement un premier renard qui gît à terre, la tête de côté et les pattes étalées. De l'habitation à la femme, l'artiste par une série de points a sans doute voulu représenter les traces d'un chemin, ou bien, précurseur de nos bandes dessinées, son mouvement.

Bien que la chasse au renard soit moins représentative à l'énéolithique que la chasse au cerf, cette scène est parfaitement en accord avec les documents archéologiques livrés par les figurations rupestres et les gisements préhistoriques appartenant à cette époque. Enfin, il ne faut pas oublier le pouvoir qui était reconnu au renard pour écarter les mauvais sorts comme nous le montrent maintes amulettes constituées de canines, métacarpiens, ... de ce noble goupil. Pline l'ancien, dans son histoire naturelle disait: "le foie de renard, ou le poumon dans du vin noir ... rend la respiration plus libre" (XXVIII,55) et: "pour la goutte, on emploie un renard cuit vivant jusqu'à ce qu'il ne reste plus que les os" (XXVIII, 62).

Une telle scène évoque les dessins que l'on retrouve dès le paléolithique et qui représentent des rites propres à assurer une chasse heureuse ou une cérémonie d'initiation; le chasseur voulant se purifier avant le départ pour la chasse qui a une valeur sacrée.

L'artiste a bien su rendre le mouvement de la scène en employant diverses méthodes simples. Ainsi, le renard rabattu est dessiné à proximité de la femme mais est dessiné d'une taille inférieure à ce qu'il faudrait (effet de perspective?), et le contraste entre le renard mort et celui-ci est bien rendu par les pattes étalées, la queue en arrière et la tête de côté.

Ci-dessous on trouvera des relevés des dessins:

 

 

 

Cliquez sur l'image (la femme et une partie du réticulé) ci-dessous pour l'agrandir.

3. La déesse mère

Le panneau de gauche comprend un personnage principal que l'on peut interpréter comme une idole simplifiée dont la tête seule se détache du corps amenuisé et arrondi à la partie inférieure, deux points figurant les yeux et un trait médian la ceinture. Un trait vertical oblique qui s'insinue dans la base convexe semble appartenir à la série des cinq bâtonnets penchés ou verticaux, coiffés d'un point, qui s'élèvent à gauche de l'idole en épousant sa forme. A droite quatre croix obliques dominent une longue ligne un peu ondulée dont l'extrémité légèrement incurvée coupe une figure tronconique à bout arrondi. Un signe soléiforme formé d'un cercle pourvu de rayons et des points surmontent l'ensemble. Enfin à l'extrême droite, un signe rappelant une main est le dernier que l'on distingue.

L'abbé Glory interprète cette scène comme la représentation de la grande déesse mère, emblème de la fécondité universelle, autour de laquelle se pressent six hommes et quatre femmes, l'ensemble étant protégé par l'action fructifiante de l'astre solaire. Tout cet édifice reposant sur une grande hache cérémonielle dont la valeur religieuse ne peut être niée.

Cette scène, au contraire de la précédente, est schématisée à l'extrême et son caractère sacré semble plus fort.

 

4. Conclusion

Ces deux scènes, l'une réaliste, l'autre symbolique, associées dans cette même grotte montrent deux des principales préoccupations des néolithiques de Tourves: celle de la chasse pour entretenir la vie de la tribu (voire protéger une basse cour??), et celle des cérémonies religieuses pour assurer par la magie, la bienveillance de la divinité à l'occasion de certains actes procréateurs.

 

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