4-10: Petit tour du monde Nous n’avons, dans ce qui précède, qu’exploré, ou plutôt survolé, le monde des haïku français et américains. Mais c’est dans le monde entier que ce genre littéraire a fait des émules qui l’ont adapté à leurs cultures et à leurs langues. Pour terminer, et cette fois sans traduction en français, et en utilisant le site internet hongrois « Terebess », très complet et référencé en [5.1.2.12 ], une petite tournée à la découverte des haïku du monde…. Pas pour faire une anthologie, mais seulement pour donner des envies à ceux qui pratiquent suffisamment les langues retenues ici. 4-10-1: En espagnol Quelle n’a pas été ma surprise de voir que Jorge Luis Borges avait écrit des haïku , un des auteurs majeurs du vingtième siècle ! Je ne pouvais pas commencer ce tour du monde sans lui, et donc, après un court texte, une sélection de haïku parus en 1981 [5.1.2.12 ]. 4-10-1-1: Jorge Luis Borges Considéré comme l’un des plus grands écrivains du XXe siècle, Jorge Luis Borges , mort en 1986 à l’âge de quatre-vingt-sept ans, était un homme d’une culture stupéfiante et d’une érudition prodigieuse. Aveugle, il n’a jamais écrit de roman, simplement des contes et des nouvelles, genres littéraires dont il reste le maître incontesté. Il est le créateur de quelques-uns des grands mythes littéraires contemporains, comme celui de la « bibliothèque de Babel ». Ill. 74 : Jorge Luis Borges Au travers de fantastiques jeux de miroirs, d’énigmes vertigineuses, de voyages imaginaires dans les labyrinthes obsédants de la mémoire et du temps, ses récits fascinants balayent tout le champ de la spéculation humaine. Grand voyageur malgré sa cécité, Borges a souvent visité Paris. Son lieu de prédilection pour y loger, avec sa compagne Maria Kodama, était le célèbre Hôtel, rue des Beaux-Arts, haut lieu du dandysme, où séjournèrent longtemps Pierre Loti et Oscar Wilde qui y mourut seul et ruiné. De son œuvre vaste, on peut citer : Fiction, L’Aleph, Evaristo Carriego, Eloge de l’ombre, Le rapport de Brodie, Le livre de sable, ….. « Je ne peux pas être d’accord avec une théorie qui prêche la
domination de l’État sur l’individu. » Jorge Luis
Borges
En un otoño, en uno de los otoños del tiempo, las divinidades del Shinto
se congregaron, no por primera vez, en Izumo. Se dice que eran ocho millones
pero soy un hombre muy tímido y me sentiría un poco perdido entre tanta gente.
Por lo demás, no conviene manejar cifras inconcebibles. Digamos que eran ocho,
ya que el ocho es, en estas islas, de buen agüero. Estaban tristes, pero no lo mostraban, porque los rostros de las divinidades
son kanjis que no se dejan descifrar. En la verde cumbre de un cerro se
sentaron en rueda. Desde su firmamento o desde una piedra o un copo de nieve habían
vigilado a los hombres. Una de las divinidades dijo: Hace muchos días, o muchos siglos, nos reunimos aquí para crear el Japón
y el mundo. Las aguas, los peces, los siete colores del arco, las generaciones
de las plantas y de los animales, nos han salido bien. Para que tantas cosas no
los abrumaran, les dimos a los hombres la sucesión, el día plural y la noche
una. Les otorgamos asimismo el don de ensayar algunas variaciones. La abeja
sigue repitiendo colmenas; el hombre ha imaginado instrumentos: el arado, la
llave, el calidoscopio. También ha imaginado la espada y el arte de Se quedaron pensando. Otra divinidad dijo sin apuro: Es verdad. Han imaginado esa cosa atroz, pero también hay ésta, que cabe
en el espacio que abarcan sus diecisiete sílabas. Las entonó. Estaban en un idioma desconocido y no pude entenderlas. La divinidad mayor sentenció: Que los hombres perduren. Así, por obra de un haïku
, la especie humana se salvó. De la salvation par les œuvres traduit par Guillaume Laget Un automne, dans un des automnes du temps, les divinités du Shinto se regroupèrent, une nouvelle fois, à Izumo. On dit qu'ils étaient huit millions mais je suis un homme très timide et je me sentirais un peu perdu parmi tant de gens. De plus, il convient de ne pas manipuler de nombres trop grands. Disons qu'ils étaient huit, parce que le huit est, dans ces îles, de bon augure.
Une des divinités dit: "Il
y a plusieurs jours, ou plusieurs siècles, nous nous réunîmes ici pour créer
le Japon et le monde. Les eaux, les poissons, les sept couleurs de
l'arc-en-ciel, les générations de plantes et d'animaux, n'ont pas réussi.
Pour que tant de choses ne les écrasent pas, nous avons accordé aux hommes la
succession, le jour pluriel et la nuit unique. Nous leur accordâmes même le
don d'essayer quelques variations. L'abeille ne fait que répéter des ruches;
l'homme a imaginé des instruments: la charrue, la clé, le kaléidoscope. Il a
aussi imaginé l'épée et l'art de
Il les entonna. Elles étaient
dans un langage inconnu et je ne pus les comprendre.
Izumo, 27 avril 1984. Jorge Luis Borges
Diecisiete haïku
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4-10-3: En portugais
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4-10-5:
En Allemand
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