La Dîme

Historiquement, la dîme était, chez les juifs, la dixième partie de la récolte, prélevée sur le peuple pour être offerte au seigneur ou attribuée aux lévites; par extension, le terme a désigné toute portion de la récolte prélevée par l'église ou un seigneur.

Conseillée d'abord comme une pratique de religion, la dîme devint obligatoire vers le IV° siècle. Deux capitulaires de Charlemagne (en 779 et 794)  firent une loi civile de la prescription ecclésiastique de la dîme. Les anciens canonistes enseignent qu'une obligation, ainsi fondée sur le droit sacré et le droit profane, engageait rigoureusement les consciences. Relativement à l'incidence de cette contribution, on distinguait les dîmes personnelles, prélevées sur les fruits du travail (salaires et gains de l'industrie) ; les dîmes réelles ou présidiales, perçues sur les produits de la terre; les dîmes mixtes, qui s'appliquaient aux produits des industries rurales comme la mouture du blé. Relativement à leur valeur, on distinguait les dîmes grasses, affectant les objets de grande culture; les dîmes menues ou vertes, prélevées sur les potagers et les jardins. Relativement à leur origine, on distinguait les dîmes anciennes qui venaient des terres cultivées depuis un temps immémorial; les dîmes nouvelles ou novales qui concernaient les terres nouvellement cultivées; les dîmes solites, perçues conformément au droit commun; les dîmes insolites, réclamées sur un genre de récoltes qui n'avait pas encore été tarifé. Celui qui percevait la dîme se nommait le décimateur. Le décimateur de droit était le curé de la paroisse. Mais il arrivait que, par suite d'arrangements ou pour des raisons diverses, la dîme était versée directement entre les mains des évêques ou des abbés de certains monastères, qui recevaient alors le nom de gros décimateurs. On appelait portion congrue la part qu'ils abandonnaient à l'ecclésiastique chargé de remplir en leur nom les fonctions curiales.

Contrairement à l'étymologie de ce mot, la dîme n'était pas en France, dans l'ancien régime, égale au dixième des revenus; elle lui était même très inférieure. Suivant les coutumes locales, du reste, la dîme était diversement répartie et perçue. Un certain nombre de dîmes d'origine ecclésiastiques étaient inféodées, c'est-à-dire qu'elles étaient devenues, malgré les réclamations des papes, la propriété des seigneurs qui les donnaient en fiefs.

Plus tard, la Constituante décida que l'abolition se ferait sans rachat, mais qu'il serait pourvu, par l'Etat, à l'entretien du clergé. Toutes les dîmes ecclésiastiques furent abolies en France par la loi du 4 août 1789. Le principe de l'obligation de la dîme a été maintenu dans les législations des autres nations soit catholiques, soit protestantes, mais diversement appliqué.

Définition du "Nouveau Larousse illustré" du 19° siècle (réf. 3-1).

 

 

 

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